Après mes camarades et collègues, je voudrais préciser le sens de ce coup d'envoi pour l'élection municipale du 11 mars 2001.
Il faut se rappeler l'électrochoc qu'a représenté le résultat des élections municipales de 1995, avec 29 % au Front national, 45 % d'abstention et la dispersion des votes à gauche. Nous avons fait une étude qualitative sur la motivation des électeurs du FN et sur la motivation des abstentionnistes : il s'agit de signal d'alarme, de sentiment d'abandon, de détresse, de fracture entre la vie politique et le citoyen. Depuis, tout confirme que nous n'avons pas encore inversé la tendance. Nous l'avons vu aux dernières élections partielles avec le haut niveau de l'ex Front national rassemblé et le très haut niveau des abstentions.
Je citerai quelques éléments qui nous permettent depuis juin 1997 de montrer le chemin positif parcouru : la parité, les emplois-jeunes, les 35 heures, la CMU et toute la modification qui est intervenue au niveau de la sécurité sociale.
Cela étant, avec une croissance revenue, trop de familles et surtout trop de jeunes restent encore en rade. A Vénissieux, aujourd'hui, le chômage est le double de la moyenne nationale. Nous avons un défi : contribuer à notre manière, avec nos limites, à participer à un parcours de réussite, notamment pour la jeunesse qui peut avoir le sentiment d'être de trop dans la société. Je pense aussi à la nécessité d'une réforme profonde de la fiscalité et en particulier de la taxe d'habitation.
Nous avons à travailler pour la réussite d'une politique de gauche. Il faut nous faire entendre, ne pas être des muets, pour contribuer à notre manière à ce que l'Etat, les ministères, soient beaucoup plus près des réalités, beaucoup plus à l'écoute des problèmes quotidiens, cruciaux, beaucoup plus près des citoyens et beaucoup plus en prise avec la vie. Je le dis, l'équipe que je veux conduire est une équipe antilibérale, pour combattre l'opulence et la richesse qui s'étalent, pour contribuer à apporter notre pierre à une alternative politique progressiste. Nous voulons contribuer à construire un monde meilleur, plus fraternel, plus solidaire, où prime la personne. Pour que le fric soit un moyen et non une finalité qui écrase les hommes, les peuples et les humbles. Nous voulons dans notre ville, avec nos moyens et nos limites, contribuer à ce que le monde politique ne se coupe pas du réel. Sinon gare au réveil !
Même s'il y a des frictions politiques entre les forces qui la composent. C'est normal pour la vie démocratique et politique.
L'équipe municipale a du affronter des événements dramatiques avec la population de la ville. Il faut se rappeler la mort de Jean-Marc Gueneley, l'explosion de la voiture GPL et le pompier qui a eu la jambe arrachée et l'incendie du centre commercial de la Darnaise. Il faut aussi avoir en tête que sur Vénissieux et dans l'agglomération en particulier, plusieurs centaines de voitures qui brûlent toutes les années. Cela n'est pas acceptable.
Devant l'adversité, les forces politiques, l'équipe municipale, les citoyens, ont su se rassembler de manière positive : l'Association " Non à la violence ", le mouvement qui s'est développé autour de l'école, pour l'école de la réussite, la pétition en direction du Premier ministre pour les moyens de police et de justice et la création du TOP.
La ville ne s'est pas laissée prendre au piège de la lutte contre l'insécurité en soi. Nous avons une mairie de quartier au Moulin-à-Vent ; un pôle de services publics à Vénissy, avec une autre mairie qui va s'ouvrir en début d'année ; l'opération démolition/reconstruction Darnaise ; tous les chantiers de renouveau de l'habitat dans toute la ville, avec une offre tout à fait nouvelle ; la construction de la Médiathèque, comme symbole de l'engagement culturel de la ville, d'une culture accessible et de qualité pour tous ; l'implantation de nouvelles entreprises et de commerces ; le renouveau du centre-ville ; la maison de justice ; le projet de vie et de ville Vénissieux 2015 ; l'engagement dans l'agglomération lyonnaise, le plan ORSEC pour l'école ; l'embauche de jeunes par la ville et les associations, qui ont joué un rôle très important en particulier pour déterminer tout un profil de déroulement de carrière, et un débouché réel pour un emploi.
Les citoyens, l'équipe municipale ont su se rassembler pour le renouveau et le développement de la ville, dans la transparence, le débat, la contradiction, la confrontation.
Les forces de gauche présentes ce soir ont l'intention de poursuivre dans ce sens, et d'être encore beaucoup plus audacieuse. Plus que jamais, Vénissieux est une ville d'avenir. C'est le sens du projet de vie, du projet de ville Vénissieux 2015, projet qui part du regard d'un enfant, futur citoyen de Vénissieux. Vénissieux, forte de sa diversité ; une ville de talents, avec des atouts faits par la qualité des hommes et des femmes, de ses 24 000 jeunes de moins de 25 ans, qui vivent, aiment, façonnent notre cité. Et c'est fort de cette richesse que nous avons la volonté de bâtir un avenir partagé.
Le basculement à gauche de Lyon et une majorité de gauche à la Communauté urbaine n'est pas gagné, mais c'est possible. Nous avons un rôle à jouer à notre place, et je pense nous devons le faire en nous occupant de la ville. Portons avec audace Vénissieux, Vénissieux la belle, la rebelle, de plain-pied comme troisième ville du Rhône, 7ème ville de Rhône-Alpes et qui fait partie des 100 premières villes de France. La place de Vénissieux nous a été refusée en 1995, par Raymond Barre et la droite à la Communauté urbaine. A l'époque, je vous rappelle, qu'avec les élus communistes du département, j'avais initié des propositions qui sont toujours d'actualité, dans le sens de la démocratisation de la Communauté urbaine et plus largement des propositions pour s'ouvrir sur la région urbaine de Lyon.
Nous devons trouver le moyen de redonner concrètement la parole aux Vénissianes et aux Vénissians, qui au fil des années se sont installés dans une abstention contestataire, mais surtout souvent désabusée. Le 11 mars 2001, devrait être le grand rendez-vous des citoyens pour s'engager sur un pacte copartagé en coresponsabilité. Embellir la vie, embellir la ville. Personne ne détient seul les chiffres de la combinaison. Mais tout le monde possède une clef. L'équipe sortante, son maire, les forces de gauche plus que les autres mais pas seuls, non plus. L'élection de mars 2001, je la conçois, plus comme un grand rendez-vous démocratique que comme une élection en soi à gagner. La vraie victoire sera plus le rassemblement, l'intéressement, la motivation des citoyens pour leur avenir que de ceux qui pensent que l'on se battrait pour la conquête de places. Nous voulons faire de cette échéance une addition de forces, une fertilisation d'idées, d'énergies, un appel pour que chaque habitant s'engage, apporte sa créativité, et que peut être plus de Vénissians prennent confiance en eux.
La période dite de campagne électorale sera consacrée à la consultation, la concertation, la confrontation, pour élaborer d'ici le 11 mars ce qui constituera un " pacte citoyen pour l'avenir ", placé sous le contrôle et la coresponsabilité des citoyens des forces politiques et des élus.
Les forces de gauche en ont déjà fait une ébauche. Sans revenir sur tout je voudrais citer, préciser certaines choses :
C'est ce que nous faisons depuis des années et les efforts fantastiques de la ville de Vénissieux en matière d'embellissement et de fleurissement, de propreté, de tranquillité, de déplacements et de conseils de quartier ne sont pas forcement suffisamment valorisés. Embellir la vie, c'est vivre ensemble, en coresponsabilité, dans le respect de l'autre, et surtout cultiver un esprit de solidarité. C'est combattre les discriminations, vis-à-vis des jeunes, vis-à-vis des femmes, vis-à-vis du travail, pour avancer dans un esprit de civilités. Quelles que soient les communautés, pour que chacun exige ses droits mais qu'il sache que l'on a pas de droits si on ne respecte pas ses devoirs.
Au coeur de cette démarche, le service public va être confronté à d'immenses défis. Nous allons dans ce mandat, engager avec les fonctionnaires, un projet professionnel de service public, mettre en place une charte qualité service public, dans l'esprit de la République. C'est-à-dire la citoyenneté, ce que j'appelle la coresponsabilité. Relevons le défi de la laïcité, pour que tous les cultes et toutes les religions soient traités sur un pied d'égalité, aussi bien la religion catholique, la religion protestante, la religion juive que la religion musulmane, dans le respect de la laïcité, dans un islam tolérant pour ce qui concerne notre ville et la République. Relevons le défi de l'égalité de traitement des citoyens en fonction de leur situation sociale pour que triomphe l'intérêt général. La République est une et indivisible : faisons en sorte que chaque citoyen ait le sentiment qu'il y ait au bout l'équité.
Nous voulons renforcer tout ce qui touche à l'éducation de l'enfant et à la place de la culture dans l'école. Je pense que nous avons des potentiels professionnels, techniques, remarquables sur la ville en matière culturelle. Je pense que la mutation que l'on doit engager aujourd'hui, c'est de développer ces potentiels, certainement avec des moyens nouveaux, certainement avec un investissement beaucoup plus significatif de l'institution éducation nationale et avec la participation des enseignants. La place de la culture dans la vie dans l'école à partir de l'âge de deux ans est une dimension fondamentale notamment si l'on veut construire des citoyens capables de se prendre en charge. Rassembler, motiver, intervenir, responsabiliser les parents sans les culpabiliser, responsabiliser les enseignants sans les culpabiliser, responsabiliser les services publics tous autant qu'ils sont, attirer l'attention de toutes les générations autour de la question de l'enfant.
En dehors de ça, on peut faire tous les discours qu'on veut. On a raison d'être polémique, d'exiger des moyens, y compris auprès de l'Etat. Mais je crois qu'une des idées fortes, c'est vraiment, le comportement exemplaire qui doit venir des adultes et des gens qui ont des responsabilités. Je pense que c'est une question très importante. Il ne s'agit pas de montrer du doigt untel ou unetelle ou de se renvoyer la balle. Mais c'est tous ensemble, comment on va tirer cette chaîne éducative. Il faut d'autant plus le faire, que ce capitalisme triomphant, ce libéralisme écrase tout et l'individualisme est un leurre. Au centre de notre action pour l'enfant, nous voulons travailler à la promotion de la personne, nous voulons contribuer, pour la part de la ville de Vénissieux, à faire bouger la conception de l'apprentissage. Faire qu'à l'école et autour de l'école dès l'âge de deux ans, tous ceux qui ont des responsabilités dispensent l'éthique de la responsabilité et nourrissent le besoin de solidarité. Que l'on permette aux enfants, aux adolescents, aux jeunes mineurs et aux jeunes majeurs de participer à la découverte, l'observation, la créativité et à l'éveil pour qu'ils deviennent des citoyens à part entière et pour qu'on fasse une société solidaire et fraternelle.
Sans rentrer dans le détail technique ou dans le détail précis des sujets, voici le premier travail que l'on a fait avec l'ensemble des forces de gauche. Il se situe autour de ces questions.
Nous voulons faire des réunions thématiques ouvertes à d'autres forces politiques, même des sensibilités d'opposition. En décembre, nous ferons une réunion thématique autour de l'insertion, de la formation et de l'emploi. En janvier, on ferait une réunion thématique sur culture de qualité pour tous, et une réunion thématique autour de l'enfant, avec une question : quel citoyen demain ? Et puis en début février, on ferait une réunion sur les services publics et sur la République. Il n'y a pas de République sans les services publics. Cela passe par : police de proximité, justice, prévention de la délinquance, protection judiciaire de la jeunesse et toutes les questions qui ont le souci humain et l'apprentissage de la responsabilité.
L'équipe va élaborer un document pour présenter les orientations, les candidats, le programme d'objectifs concrets à réaliser sur la ville. Ce sera un support à la discussion. Il laissera une large place à la parole d'" en bas ". C'est fait pour le remue-méninge et la contribution au pot commun.
Les forces politiques s'exprimeront pour leur part, avec leurs propres sensibilités pour donner à l'élection municipale de mars, un coup de jeune. On verra si on y arrive, mais si on peut donner un coup de jeune dès ce soir, jusqu'au mois de mars, pour redonner de la noblesse à la politique ; pour redonner envie aux citoyens de s'occuper de la chose publique. Faisons en sorte qu'on réapprenne que l'on peut être bien, tout seul dans son coin, mais si on a pas un tout petit peu, de temps en temps, le souci de l'intérêt général, et bien c'est la société de la jungle, et ça on n'en veut pas. Ce n'est pas notre conception de l'esprit solidaire, progressiste, républicain et laïque sur lequel nous voulons travailler. Et puis je le dis aussi, dans ce débat sur l'intercommunalité, où il nous faut beaucoup bouger, beaucoup d'audace, je considère toujours que la commune est le maillon de base de la République, ce qui a fondé et fonde encore ce maillon solide de la démocratie et du rapport au citoyen de la nation française. Je pense que la revalorisation de la politique repartira de la base, des communes et des quartiers. Bien évidemment cela ne peut pas bouger si on reste chacun dans son coin, si on reste chacun dans son quartier. Il faut une perspective, il faut un horizon, il faut une alternative. C'est cette contribution que nous voulons apporter.
Aujourd'hui, après vous avoir dit l'état d'esprit et les objectifs, je voudrais vous appeler à vous engager personnellement.
Si ça avait marché, on le saurait. La confiance se rétablira par chacun d'entre nous dans notre comportement personnel quotidien, avec nos proches, nos familles, nos collègues.
Je pense franchement que nous n'avons pas à rougir de ces six années écoulées depuis 95. Nous sommes des hommes et des femmes avec des qualités et des défauts. Nous avons réussi des choses, il y en a d'autres que nous avons bien moins réussi, il y a des choses peut être même que nous n'avons pas réussi à faire du tout. C'est comme ça, c'est le débat-vérité. Mais nous pouvons quand même, franchement, tenir le flambeau avec fierté.
Nous sommes en train de travailler pour une équipe renouvelée, à parité, rajeunie, avec des signes forts, où toutes les forces de gauche peuvent se retrouver comme nous l'avons fait avec une efficacité reconnue depuis 1995. Et je le dis à nouveau : il n'y aucune raison de ne pas recommencer ce qui a marché ; avec en plus l'effort que nous avons décidé de faire pour la présence de personnalités reconnues dans la cité.
Je veux vous dire aussi que ce lancement de ce soir, c'est un appel à construire une chaîne humaine d'ici le 11 mars. Une chaîne humaine avec sa famille, ses copains, ses voisins, pour démultiplier les contacts jusqu'au 11 mars.
C'est un travail où chacun doit réfléchir pour lui-même et autour de lui, en réseau et peut être qu'au fond on va contribuer à un réveil démocratique et un sursaut citoyen. Faire qu'un événement considérable, un grand rendez-vous démocratique se passe, qu'il ait de la force, de la tonalité, qu'il ait du rayonnement, qu'il ait du raisonnement, de la résonance le 11 mars.
D'abord c'est simple, il faut se présenter à la mairie avec un justificatif de domicile et une pièce d'identité. Donc ce n'est pas une montagne.
Il faut penser aussi aux ressortissants de la communauté économique européenne. Ils peuvent voter et être éligibles. Mais ils ne pourront le faire que s'ils sont inscrits sur les listes électorales. Des centaines et des centaines de citoyens, d'abord ne savent pas qu'ils peuvent voter, savent encore moins qu'ils peuvent être éligibles, mais surtout, il ne faudrait pas que le deux janvier ils aient compris et qu'ils ne puissent pas exercer leur droit civique. ça serait dommage.
Nous allons faire une campagne de sensibilisation, de motivation et de mobilisation. Mais, il faut aller beaucoup plus loin dans le partage du pouvoir avec tous.
Je le dis, je pense que vous allez m'entendre souvent le dire jusqu'au 11 mars et après,